Intervention de Jean-Claude Raux

Réunion du mercredi 27 mars 2024 à 16h45
Commission des affaires culturelles et de l'éducation

Photo issue du site de l'Assemblée nationale ou de WikipediaJean-Claude Raux :

Madame la ministre, depuis votre nomination, vous avez su montrer votre connaissance de l'éducation nationale et vous efforcer de nous apporter des réponses circonstanciées, ce qui constitue un net progrès.

Vous êtes arrivée au ministère avec votre héritage, celui de la gauche, celui de la lutte contre la reproduction des inégalités sociales dans notre système éducatif. Mais vous arrivez aussi avec une feuille de route toute tracée, peut-être même figée, par Gabriel Attal. Vous avez accepté de l'assumer, au risque de renier un jour votre héritage.

Les groupes de besoins ou de niveau nous sont présentés comme un outil de réduction des inégalités, au mépris de toutes les études indiquant le contraire et des alertes de la communauté éducative sur leur caractère contre-productif. Vous n'aviez pas l'air pleinement convaincue vous-même, mais aurez-vous le choix ? Si vous refusez le tri social, il vous faudra regarder en face la réalité de l'éducation aujourd'hui : les établissements de niveau, les écoles des bons, les écoles des mauvais – celles des classes sociales défavorisées, de véritables ghettos scolaires.

S'agissant d'héritage, celui de Pap Ndiaye est bien maigre, mais reconnaissons-lui le mérite d'avoir voulu s'attaquer à l'épineux sujet de la mixité en mettant à contribution l'enseignement privé. De sa volonté initiale, seul un protocole non contraignant avec l'enseignement catholique a vu le jour. Vous avez annoncé au Sénat qu'il serait évalué à la rentrée 2024. Je doute que les résultats soient convaincants, mais je laisse à l'enseignement privé sous contrat le bénéfice du doute.

Êtes-vous prête à aller plus loin si l'évaluation du plan ne donnait pas les résultats escomptés ? Si oui, de quelle manière ? Pourriez-vous exiger plus de transparence dans les procédures de recrutement de l'enseignement privé ? Envisagez-vous de conditionner une partie des financements, voire le contrat d'association, à un objectif de mixité ? D'inciter à la progressivité des frais de scolarité ? En d'autres termes, jusqu'où êtes-vous prête à aller dans la lutte contre la ségrégation scolaire et en faveur de la mixité sociale ?

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